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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 02:33

Idée de musique pour la lecture

 

 

 

 

 

 

Rin avait passé la nuit recroquevillée sur le large lit de cette pièce obscure collée contre la paroi de pierre. Pas un infime instant elle n’avait trouvé le repos et à vrai dire la simple idée de somnoler ne lui avait pas traversé l’esprit. L’esprit, longtemps la jeune fille s’était interrogé sur ce terme. L’esprit, son propre monde intérieur, refuge des pensées et songes insondable. Il lui semblait que cette définition lui était maintenant étrangère : elle ne le contrôlait plus, il avait été envahit et lui échappait. Perdre l’esprit. Oui, l’expression collait à la perfection. En ce cas, ou avait-il bien pu passer ? A quel moment exactement avait-il fuit ? En réalisant la vérité avait-elle d’abord pensé. Puis il lui apparut que son esprit avait peut être toujours été une chimère. Lui avait-il réellement appartenu un jour ? Son monde intérieur avait été bâtit au fil du temps, de ses rencontres, des événements. On lui avait inculqué des valeurs, des raisonnements et elle en avait déduit une façon de pensée et d’agir. Au bout du compte, son esprit fut constamment envahit. En général, ses actes au court de son existence lui avait semblé bon, ayant toujours agit en fonction de ce que lui dictait son esprit. Pourtant s’il ne lui appartenait pas réellement et qu’il fut seulement construit à partir de ce qu’on lui avait raconté, peut être que ses actes furent mauvais ? Après tout, le monde et le portrait qu’on lui en avait fait étaient mensonger. Si tout ce qu’elle croyait juste ou moral étaient, par la même logique, erronés sans doute avait-elle toujours été dans l’erreur.  Elle qui avait toujours cru qu’un idéal et des convictions étaient primordiaux et transcendaient la vilénie semblait s’être trompé, en fin de compte la lâcheté et l’ambition personnelle domptaient les êtres. La grandeur d’âme était condamnable et la bassesse victorieuse, en ce cas le bien et le mal, à quoi correspondaient-ils ? S’étant toujours battue pour protéger ce qui lui semblait juste, au final, s’était-elle fourvoyée ? 

Complètement perdue, Rin aurait aimé pouvoir répondre à ces interrogations. Si seulement, oh oui si seulement, elle avait pu apaiser ce brasier mental pour se concentrer. Impossible pourtant. Les paroles de Madara avaient longuement tourné en boucle, grignotant peu à peu sa raison et nourrissant le bucher de haine. Pourtant, au fin fond de sa conscience, elle savait pertinemment que cette haine serait destructrice. D’abord, Rin fit de son mieux pour apaiser cette rage dévastatrice lui retournant les entrailles et la faisant littéralement bouillir. Sauf qu’un problème, et de taille, s’installa : dès que la fureur se résorbait, la démence prenait le pas. Et inversement. Un véritable cercle vicieux. Le seul moyen de modérer sa haine était de se répéter et d’imaginer sa vengeance, or s’en suivait foule d’hallucinations répugnantes. Plus le flot d’image immonde s’immisçait, plus la folie la gagnait. Aliénation uniquement gérable si l’hostilité la gouvernait. Aucun échappatoire. Son unique certitude : haine ou folie engendreraient un péril identique. 

 

Après une énième tentative de calmer ces hurlements haineux, atroces hallucinations ou murmures meurtriers en se jetant de l’eau glacée au visage, Rin eut la même révélation que précédemment et s’intima sur le champs de penser à Gaara pour faire fuir ses tourments. Elle eut bien du mal à s’imaginer sa présence, trop de mare de sang et autres visages terrifiés l’assaillant et aucune idée de parole rassurante ne lui vint tant sa fureur fut immense. Les yeux embués de larme sans qu’elles ne coulent pour autant, Rin finit donc par retourner se coucher, recroquevillée, sur le lit avec une unique pensée à l’esprit qu’elle se mit à murmurer :

 

- Viens me chercher, ramène moi, loin de ce cauchemar. 

 

 

Sans se douter que, à quelques pas seulement de cette maudite pièce, se trouvait Madara n’allant pas tarder à la plonger encore plus dans l’enfer. 

Lui était toujours de si merveilleuse humeur. Sasuke s’était éveillé depuis quelques heures maintenant et il avait depuis bien longtemps intégré la vérité sur son passé. Summum de la fortune : ce gosse teigneux avait agit comme il s’y attendait. Bien que ce fut d’un prévisible peu divertissant, cela n’avait en rien entacher sa joie. Tout se déroulait à merveille. Le jeune Uchiha deviendrait une boule de malfaisance dès plus utile à ses plans. Restait pourtant une ombre au tableau qu’il espérait bien vite faire disparaitre. Un gravillon gênant titillant sa gaieté. La gamine n’avait pas exactement réagit comme il le souhaitait. Il avait pourtant excellé mais elle n’avait pas complètement cédé. En effet, contrairement à Sasuke, la Yutsune s’était contenté de vouloir anéantir les dirigeants et membre de l’Anbu. Rien de plus. Même pas une plaisante menace contre le reste du Village. Quelle déception ! Il se fichait bien de ce ramassis de déchet, franchement, elle aurait pu faire un effort et souhaiter le chaos. Rien qu’un petit chaos était-ce trop demandé ? Plus embêtant encore, la gamine ne semblait pas prête à les rejoindre. Après son insuffisance réplique sur la destruction de ces maudits types, il avait sous-entendu qu’elle pourrait aller bien plus loin dans sa vengeance et clairement dit qu’il lui apporterait le soutien nécessaire. Et cette stupide gosse l’avait regardé comme si elle venait de noter sa présence et avait osé lui dire qu’elle voulait être seule maintenant. Gentiment malgré son irritation il l’avait invité à se reposer en attendant que Sasuke se réveille. Non mais quel culot sérieusement ! Ce fut plus clair qu’un refus pour lui : Mademoiselle ne souhaitait pas son aide et encore moins se mêler à eux. En dépit de son trouble évident, de foutues valeurs restaient sous-jacente. Non mademoiselle, cela ne se passera pas comme ça. Elle allait lui faire le plaisir de bien vite effacer toutes ces niaiseries de sa caboche. Et d’ailleurs, en avant, Sasuke avait passé des heures à cogiter et se faire avoir pour bon par le poison de la haine, maintenant seconde étape du plan : Que tout deux attisent le besoin de chaos de l’autre. 

 

- Rin, puis-je entrer ? S’enquit-il après avoir toqué de sa voix la plus aimable. 

 

Après son acceptation, il fit son entrée en riant mentalement à sa propre plaisanterie : Aujourd’hui je revêt le masque de la compatissance sympathique.

 

- As-tu pu te reposer un peu ?

 

- Pas vraiment. 

 

- Je comprend et j’espère… Non, je suis certain que ça ira vite mieux. C’est le temps d’accuser le choc.

 

La jeune fille assise sur le bord du lit regardait cet homme vêtu de noir toujours dans le pas de la porte. Madara Uchiha. Décidemment cette situation était tout bonnement incroyable. Cette légende du monde Shinobi se dressait face à elle sans, qu’apparemment, le temps n’ait eu le moindre effet sur lui. Après tout Orochimaru pouvait bien changer de corps à sa convenance, surement que cette incarnation de la puissance usait d’un Jutsu aussi mystérieux qu’interdit de cette sorte. Et au delà de cela ce fut surtout la bienveillance qu’il dégageait qui lui semblait incroyable. 

 

- Souhaites-tu que je t’apportes de quoi manger ? S’enquit-il sur le même ton doux. Cela te ferait du bien. 

 

Vraiment incroyable. Madara Uchiha, membre de l’Akatsuki du surcroit, s’inquiétait de son sommeil et lui proposait un repas comme une vieille connaissance. Rien ne collait plus. Il était plus aimable que la plupart des Shinobi. Bon sang, cela accentuait tant son impression d’être complètement perdue. Comme si elle venait d’ouvrir les yeux pour la première fois sur la réalité. Enfin bref. Pour l’heure, la douleur restait diffuse dans son corps et spécialement ses entrailles. Se sentant toujours nauséeuse après toutes ces hallucinations, la simple évocation de nourriture lui retournait l’estomac. Rin hocha donc la tête en signe négation.

 

- Sasuke non plus n’a rien voulu avaler. 

 

« Ohlala, des petites natures ces deux la. Quelle exagération pour des broutilles. Rien que d’insignifiantes sanguinolentes broutilles. » S’esclaffa-t-il mentalement. 

 

- Il s’est réveillé ? S’exclama-t-elle.

 

- Oui. Il fut plutôt secoué par la nouvelle que je lui ai apprise, j’ai préféré le laisser accuser le coup avant de venir te chercher.

 

Les sourcils froncés et avant qu’elle ne puisse l’interroger sur cette mystérieuse révélation, il leva à peine la main pour lui intimer de garder le silence. 

 

- Tu comprendras bien assez vite l’étendu du problème. Avant ça, j’aimerais te parler d’autre chose. 

 

Doucement il s’approcha du vaste lit ou Rin était assise à la tête et, après un léger signe de tête semblant lui demander sa permission qu’elle rendit aussi imperceptiblement, vint s’assoir au bout. 

 

- Me libérer d’un poids. Déclara-t-il à mi voix.

 

Posant les bras sur ses jambes écartées, il baissa la tête avec un faible soupire. Il semblait hésitant à continuer, comme s’il cherchait les termes adéquates alors qu’en réalité il tentait seulement d’effacer son large sourire moqueur histoire que sa voix transpire la désolation lorsqu’il continua :

 

- Je dois t’avouer que cela faisait un moment que je menais une enquête pour en apprendre plus sur toi et tenter de t’approcher.

 

Le cœur de Rin rata un battement. Pensant immédiatement à l’autre taré reptilien qui avait fait de son mieux pour l’attirer dans ses filets, à coup de patience et de manipulation. Qu’il était inquiétant d’être la cible de dangereux criminels de la sorte, dans son dos qui plus est. 

 

- Ne te méprend pas, ses recherches ne furent en cas muée par une envie de m’approprier quoi que ce soit. Continua-t-il comme s’il lisait dans son esprit. Dans un premier temps j’étais seulement curieux de ton évolution. Celle de l’héritière d’un clan que j’ai tellement bien connu. Puis, en voyant combien tu étais puissante, il m’est apparu que tu devais savoir la vérité. J’étais certain que tu saurais y faire face. Plus encore que tu aurais la force d’agir en conséquence. De les venger. 

 

Laissant sa phrase en suspens un instant, il leva la tête vers une Rin sous l’emprise d’une stupeur sans nom et annonça d’une voix assurée :

 

- Moi qui était au courant de la vérité, moi qui pouvait la partager et ainsi sonner le funeste glas des assassins, je me devais de te l’apprendre. C’est à toi de réparer ce mal. Je n’avais pas le droit de garder cela pour moi. Pourtant je ne savais comment t’approcher. Nos statuts respectifs faisant barrière. Je n’oserais condamner ta vision exagérément simpliste du bien et du mal qui en fut largement la cause. Tu n’es pas coupable du lavage de cerveau dont tu as fait l’objet. Nous étions dans des camps opposés, chacun œuvrant pour le bien à sa manière. Et on t’as mis en tête une vision du monde obscurcissant non seulement la vérité mais aussi la véritable justice.

 

A nouveau il aménagea une légère pause, lui laissant juste le temps de s’embourber encore un peu plus dans les méandres de ses interrogations sans pour autant lui offrir l’occasion de formuler une réponse.

 

- Enfin, le hasard a finalement orchestré notre rencontre. Peut être fut-elle tellement primordiale qu’elle allait se produire d’une façon ou d’une autre. Nous en voila maintenant au dénouement et tu l’auras compris, je l’espère, que cela remet tout en cause. Et avant que tu tires d’hâtives conclusions, il me faut être complètement honnête. 

 

Dans un soupire déchirant, il se tint un instant la tête semblant dès plus perdu. Tout autant que Rin qui ne saisissait pas du tout ou il voulait en venir et qui sentait monter un drôle de sentiment à son égard. A l’égard de ce bienveillant Shinobi en dépit des apparences malfaisantes. Bien entendu, l’inverse étant nettement plus vrai mais la jeune fille n’avait le droit qu’à la vision extérieur du personnage et après tout son discours tenait largement la route. 

 

- Après cela je comprendrais que tu me haïsses tout autant. C’est déjà étonnant que tu ne l’ai pas réalisé par toi-même. Alors au risque d’attiser ta haine à mon égard… Je me dois d’être franc. 

 

Son estomac se crampa, qu’allait-il encore lui avouer de si terrible ? Bon sang, son calvaire n’aurait-il jamais de fin ? 

 

- Il est de notion commune que j’ai jadis combattu Hashimara Senju à la Vallée de la Fin pour le titre de Premier Hokage. Mais comme tu le sais maintenant, je ne suis pas mort des suites de ce combat. Vois-tu mon désir le plus ardent fut de voir les Uchiha à la tête de la Nation. A mon sens si de tels clans existent c’est pour qu’ils dirigent leur semblable. Si la nature nous a doté de capacités si extraordinaire nous rendant supérieur, c’est que nous le méritons. Il est injuste et vile que les hommes en décident autrement. Pourtant j’ai échoué. Les Uchiha ne sont jamais parvenus à atteindre la grâce qu’ils méritaient. Et à Kiri j’ai vu dans les Yutsune un véritable calque des miens. Inconsciemment j’ai fais une sorte de transposition. Voila pourquoi leur mise à l’écart m’a tant écœuré. 

 

Elle ne voyait pas en quoi cet aveux supplémentaire serait haïssable, plus encore sa sympathie envers lui augmenta d’un large cran. Ce qu’il avait malicieusement prévu. Se levant, il alla se planter face à Rin et s’accroupit pour être à la hauteur de la jeune fille toujours assise. Cette dernière n’eut pas le moindre mouvement de recul quant à leur promiscuité affolante.

 

- Au final… Ce fut un autre échec cuisant. Dit-il à mi voix, suintant le chagrin. Si je n’avais pas cru en eux, si je n’avais pas rendu public leur prouesse contre les Kaguya, si je ne les avais pas placé au Conseil et tout fait par la suite pour chacun comprenne à quel point ils furent estimable… Jamais cela ne se serait produit. Ils n’auraient pas attisé la jalousie et la haine à ce point. Ils seraient en vie. Sans le vouloir j’ai été l’une des raison de leur chute. Et je me sens terriblement coupable. Voila pourquoi, entre autre, je voulais tant de te rencontrer. Pour pouvoir présenter mes excuses à l’héritière. Insuffisantes mais sincères.

 

Il se leva brusquement comme assaillit par le tourment et se retourna aussi théâtralement que possible. Il hésita même à murmurer qu’il n’était pas digne de croiser son regard mais jugea que cela ferait un peu trop. Une bonne comédie se doit d’être nuancée. Rin, bien malheureusement, ne pouvait qu’agir en fonction de qu’elle voyait et entendait. Plus affaiblie que jamais, ne sachant plus à qui elle devait faire confiance. Tout ce dont la jeune fille fut certaine en cet instant fut :

 

- Non. Vous n’avez en aucun cas à vous sentir coupable. Certainement pas vous. 

 

- Au fond… C’est de ma faute. Lâcha-t-il d’une voix teintée d’émotion alors qu’un feux d’artifice éclatait dans sa tête.

 

- Ce n’est pas une faute que d’avoir cru en mon clan. Vous n’aviez rien à vous reprocher, c’est plutôt le contraire. Grâce à vous ils ont enfin pu être estimé. Je vous suis profondément redevable de cela. Vous ne pouviez vous douter des terribles conséquences. 

 

Tandis que la jeune fille se levait, il se tourna vers elle, pouvant lire dans son franc regard un élan de compassion, plus encore même, à son égard.

 

- Je suis soulagé que tu ne m’en veuilles pas. J’aimerais tant changer le court des choses… J’avais déjà peu de foi en notre monde mais jamais je n’aurais osé penser qu’il soit possible de faire preuve de tant de vilénie. 

 

Il hésita un instant puis décida qu’il n’était pas encore temps de lancer ce sujet. L’aboutissement de ses plans. Son réel désir. Non, Rin n’était pas encore prête à l’entendre et à le suivre. Patience, ce serait pour bientôt. De son côté, Rin n’en revenait pas, il lui semblait être si… Bon. 

 

-  C’est aussi pour cette raison, parce que je ne peux me le pardonner, que je t’apporterais le soutien qui incombe à ta noble vengeance. 

 

Malgré la déchéance qui la résumait, persistait encore la flammèche salvatrice. En dépit de son mal être, de la perte de sa foi, s’allier aux porteurs de la cape aux rougeoyants nuages lui était impossible. Pour l’instant seulement ?

 

- Comme vous l’avez dit, c’est à moi de réparer ce mal. A moi seule. 

 

Un éclair de rage écrasa immédiatement sa gaieté. Autant il aimait à jouer la comédie, autant il n’appréciait guère que le public soit si peu réceptif. Enfin, ce n’était qu’un éclair après tout, rien que du momentané. Il avait encore quelques tours dans son sac. A commencer par :

 

- Je comprend. Allez, trêve de conversation dramatique, tu dois être impatiente de voir Sasuke. 

 

Et les conversations pire que dramatique reprendraient de suite. 

 

 

Rin venait d’entrer dans la chambre de ce dernier, calque de la sienne, et n’osait la moindre esquisse de geste. Un raz de marée de peine la submergea. Restant debout, frigorifiée, à le regarder, ayant tant envie d’éclater en sanglot. Il n’avait même pas remarqué sa présence tant il semblait accablé. Comme la jeune Yutsune lors de la nuit, il était adossé contre la paroi à la tête du lit, le regard dans le vide. Il était, par contre, meurtri en divers endroit et un large bandage recouvrait une partie de son torse nu. Qu’avait bien put-il apprendre pour le plonger dans un tel état léthargique ? 

Oui, elle eut une terrible envie de pleurer de toute son âme. Pour lui. Pour elle-même. Eux, les génies arrogants, n’étaient plus que des ombres, de vagues esquisses d’êtres humains. Trop faible pour s’en sortir. Et dire que la veille elle avait été si confiante. En courant à perdre haleine vers le duo de l’Akatsuki, Rin s’était répétée que tout rentrerait dans l’ordre sous peu. Tout serait parfait. Elle les imaginait déjà couchés au sol, à rire à plein poumon. Il lui semblait que cette scène s’était produite à des années lumières, mais non, simplement la veille. Comment leurs vies avaient-elles pu basculer si vite ? Sa vie d’avant, la Rin confiante et forte, lui semblait n’être qu’un mirage. En une poignée d’heure tout avait été détruit. Son bonheur, une illusion. Le tourment, la réalité. Perdue plus que jamais, elle avait seulement envie de pleurer sur son propre sort. Aucune larme pourtant. Son cœur fut donc brisé au point d’être stérile ? 

Au ralentis, cela lui demandant une énergie incroyable, elle s’avança jusqu’au lit et s’y agenouilla. Malgré la promiscuité, Sasuke ne cilla pas, semblant plonger une torpeur inconsciente. 

 

- Comment te sens-tu ? Demanda-t-elle à mi-voix.

 

Il sursauta comme s’il avait été brusquement réveillé par un hurlement, levant vers elle un regard non pas empli de chagrin mais reflétant un vide incommensurable. Un instant semblant une éternité il resta ainsi, cherchant des termes suffisant pour répondre. En vain, il ne savait comment expliquer son état. Et de toute façon formuler une phrase complète serait une épreuve bien trop ardue. Ainsi lui apparut une évidence : lui montrer. S’il ne pouvait lui expliquer la scène tournant en boucle dans son esprit, il pourrait la lui faire vivre. Elle comprendrait. Immédiatement et si rapidement qu’elle eut à peine le temps de voir la teinte du Sharingan, il la plongea dans un Genjutsu. 

Comme pour le souvenir du Yondaime massacrant le dirigeant, Rin incarnait l’Uchiha. Et pas seulement dans ses gestes cette fois mais également ses pensées. Adossée à un débris de mur elle avait l’impression que chacun de ses os étaient brisés tant la cuisante douleur fut diffuse. Complètement à bout de force et impuissante elle voyait Itachi s’approcher. Un Itachi bien plus blessé que son propre corps pourtant, foule de plaie et surtout le côté droit entièrement brulé. Le visage sanguinolent tant il avait craché de sang. Pourquoi avait-il la force d’avancer après ce combat ? Une atroce angoisse lui enserrant l’âme l’empêchait même d’hurler. Elle était terrifiée, il ne devait pas l’approcher. Ses yeux, il allait lui arracher ses yeux. Vacillant, il était maintenant dangereusement proche et tendait le bras. Pourquoi ne pouvait-elle bouger ? L’épuisement et la terreur certainement. Sa main allait le frôler, non, elle allait perdre. Il lui prendrait ses yeux et la laisserait se vider de son sang. Ca y est. Finit. L’angoisse à son comble, deux doigts tendus allaient l’énucléer. S’en serait finit pour de bon de son existence. Lorsque soudainement il se stoppa. Et naquit sur le visage d’Itachi un sourire. Le plus pur des sourire. Il se contenta de lui… Donner une légère pichenette dans le front. Comme jadis.  «  Désolé, c’est la dernière fois, petit frère . »  Murmura-t-il. Son sourire plus radieux que jamais, éblouissant son visage ensanglanté d’une joie sans pareille. Un infime instant de sérénité. Puis il s’écroula. 

 

L’émotion de la fin de l’illusion, celle de Sasuke donc, fut déchirante. Tout bonnement déchirante. Et encore cela n’avait duré que le temps d’un battement d’aile de papillon, lui devait la ressentir encore maintenant. Une peine incommensurable. La vue brouillée par les larmes ne coulant toujours pas, les sanglots coincés dans la gorge, Rin resta silencieuse. Triste mélange d’incompréhension et de compassion. 

 

- J’ai tué mon frère. 

 

Il avait soufflé cela à voix si basse qu‘elle du presque lire sur ses lèvres, la regardant sans la voir. 

 

- Il… Commença-t-elle par répondre. Il a… Itachi était…

 

Non, définitivement elle ne savait pas comment finir cette phrase, ayant largement du mal à comprendre.

 

- Ma vie… Sa vie… N’étaient que mensonge. Il était tout sauf le monstre que je croyais. 

 

Il sembla reprendre ses esprits à ses propres mots, une étincelle dans son regard, celle de la haine. Serrant la mâchoire, ses traits devinrent aussi dur que sa voix :

 

- Le massacre lui avait été ordonné. Itachi fut forcé de sacrifier le clan et son existence. La vie la plus honorable a du être souillée, il a du se souiller les mains du sang des siens, souiller son bandeau tant adoré en le rayant.

 

Le temps d’accuser le choc, Rin resta pantoise, l’esprit soufflé par la détonation de cette atroce vérité.

 

- Pour le bien du Village. Cracha-t-il, le visage déformé par la fureur et le dégout. Ils lui ont ordonné d’anéantir son propre clan. C’est eux qui voulaient la mort des Uchiha. Pour le bien de leur putain de Village. Ils lui ont aussi volé sa vie, le forçant à s’enfuir, hait de tous. 

 

Immédiatement Rin du retenir un autre haut le cœur tant son effroi fut violent. Son être entier révulsé par ces paroles. Un grondement assourdissant éclata dans sa tête, entendant seulement une bribe de la dernière phrase de Sasuke :  Konoha. Tempête dans son esprit et son corps. Le remarquant à peine et ne sachant comment elle s’y été prise, Rin se retrouva debout. Ou a peu près. Vacillante, les jambes en coton, elle manqua de s’écrouler et se colla au mur. Une autre crise d’angoisse la guettant, elle peinait à respirer. Machinalement elle se couvrit la bouche tentant d’apaiser sa nausée et surtout son envie d’hurler. L’esprit en feu, il lui était difficile de se concentrer pour formuler un début de pensée.

Itachi. Souiller. Sacrifice.

Son cœur battait si violemment qu’elle eut l’impression de ne pas tarder à le vomir. Itachi qu’elle avait jadis vu dans la clairière portait cet atroce secret en lui. Il avait du assassiner les siens et jeter son honneur au feu, devenir un monstre aux yeux de tous. Ce Itachi mort le sourire aux lèvres. Pour… Non, à cause de son Village. 

Konoha. Ordre. Détruire. 

Avec cette révélation, l’âpre réalité était encore pire à avaler que ce qu’elle pensait. En effet que Kiri, ou les valeurs avaient été bannis à coup de marre de sang, éradique un clan était compréhensible. Enfin entre mille guillemets. Disons qu’un Village à l’histoire si trouble et barbare prenne la décision d’anéantir ceux qu’il est de notion commune qu’ils exècrent depuis des lustres ne remet pas l’ordre de toute chose en jeux. Alors que Konoha, si. Définitivement si. Depuis ses huit ans les professeurs de Rin lui rabâchaient que ce Village aux jolies valeurs ou les sentiments primaient élevaient leur Shinobi comme des poussins. Elle avait grandit en entendant ce qu’elle avait plus tard considéré comme des louanges. Konoha qui se gorgeait de sa Volonté du Feu. Konoha et ses Hokage honorables sous toutes coutures. Konoha l’entité suprême du Bien, berceau de la bravoure et des valeurs immuables.

Et non. Tout bêtement non. Ce Village reposait autant sur le mensonge et la trahison que Kiri. Qu’importe la Nation, tout n’était que mirage et bassesse sous-jacente. En même temps que sa vision idyllique du monde, sa raison partait en fumée.

«  La foi en son Village, aussi inébranlable que réciproque, est la base de notre monde. Sans cette valeur fondamentale nous ne vaudrions encore moins que les bousiers »   Ses propres paroles, lancées à Kisame la veille, lui revinrent brusquement à l’esprit. Pire que la plus violente des claque.

Son corps entier sembla se transformer en coton, rester debout devint aussi complexe que calmer ses tremblements. Elle sentait presque son esprit se craqueler et tomber en cendre. Cette révélation l’acheva tout simplement. Le monde était définitivement factice et pourri. Voila, exactement cela. De la pourriture. Les vomissures de larves l’avaient envahit, dévorés et régurgités une dépouille pourrie. L’esprit déjà bien fragilisé de Rin implosa pour de bon. S’en était finit de sa conscience, finit de sa foi, finit de ses valeurs. 

 

- Rin, oh, reprend toi. 

 

Clignant ses yeux métalliques, elle se surprit à voir le visage de Sasuke si proche. Comme lui un instant auparavant, la jeune fille fut plongée trop profondément dans les abysses de son âme en perdition pour remarquer quoi que ce soit. 

 

- C’est la deuxième fois que je te demande pourquoi tu es ici. Il m’a simplement dit que tu te remettais d’une révélation. C’est lui n’est-ce pas ? Qu’a-t-il dit ?

 

Doucement, elle acquiesça. La jeune fille savait exactement quoi lui répondre pourtant les mots peinaient à sortir. Articuler cette atrocité lui semblait insurmontable. Comme elle aurait aimé pouvoir le plonger dans un Genjutsu aussi aisément que lui. 

 

- Comme toi. 

 

Immédiatement lui revint à l’esprit la phrase de Madara   «  Le massacre des miens inspira celui des tiens  » . Plus que jamais Rin se sentait proche de Sasuke.

 

- Tu veux dire…

 

- Kiri.

 

Aucune parole supplémentaire n’était de mise. A son tour, il essuya le choc, se reculant machinalement. Rien que de prononcer le nom de ce maudit hameau, elle sentit une vague de fureur la submerger. Elle le sentait, la fin de sa raison grondait, la guettant, menaçante. Pourtant Rin ne croulerait pas. Elle savait comment s’empêcher de crouler sous la démence. La haine. Resplendissante, salvatrice. Elle ne pouvait la combattre et ne le voulait pas. La haine serait sa force. Le cœur battant violemment de rage, Rin articula d’une voix glaciale, terrifiante de calme :

 

- Tous, ils ont tous voulu anéantir les clans supérieurs. Ruiner ce qui les dépassaient. Détruire la grandeur. Ecraser l’excellence de toute leur fange. 

 

- Pour leur ambition, leur sérénité, leur faux salut. 

 

- Et ont terrés leur abominations en bâtissant un monde de mensonge.

 

- En sacrifiant les leurs. 

 

- En bafouant l’honneur.

 

Dans leur yeux étincelaient maintenant la lueur d’une haine écrasante. Leur cœur battant à l’unisson comme un tambour de guerre. 

 

- Ils l’ont tentés. Ils ont échoués. Ajouta-t-il, un sourire carnassier naissant. Ils ont fait une erreur. Ils nous ont laissé en vie.

 

- Des vies qui leur couteront les leurs. Enchérit-elle d’une voix rauque. Je les vengerais, je les suivrais certainement dans la mort mais je les vengerais.

 

Se comprenant tant, ils avaient l’impression que leur esprit ne faisait qu’un. En réalité, ils réalisaient à peine la présence de l’autre, se voyant simplement comme un miroir et entendant leur paroles comme un écho. Chacun pensant à sa propre existence en lambeau, des images de leur vengeance à venir les assaillant. En fin de compte rien n’avait changé, plus que jamais même, ils éprouvaient le même désintérêt pour leur futur respectif au fond. Et appréciait surtout l’éclat de haine que l’autre rejetait comme s’il exacerbait le sien. Ainsi, elle fit à peine attention à :

 

- Konoha est une aberration. Une souillure à la mémoire des miens. Et surtout d’Itachi. Sa vie fut réduite en cendre à cause d’eux. Je veux arracher chaque sourire de la face de ces rats. Je détruirais Konoha.

 

Et il en fit de même à :

 

- L’honneur, la bravoure, le respect, la confiance et toutes les autres valeurs que je pensais fondamentale n’étaient de vague mirage. La bassesse et la cruauté dirigent le monde. Comme j’ai  été naïve toutes ces années ! Tout les beaux discours que j’ai tenu auront un gout amer dorénavant. Si la barbarie crue est la base de ce monde, alors je lui jetterais en pleine face une magnifique démonstration de sauvagerie. 

 

 

Leur propre paroles ayant tant accentué leur fureur, la moindre particule d’eux même brula plus que jamais. Un instant ils restèrent muets, ayant le battement de leur sang à leur tempes pour seul orchestre. Chaque inspiration ayant un effet corrosif. Le regard perdu dans le vague, perdu dans d’atroces visions.

Ces deux gamins aux existences teintées d’horreur et de vif bonheur, ayant perdu leur innocence aussi prématurément que violemment. Ces gamins à la comique arrogance et aux attendrissantes faiblesses. Ces gamins que leur simple naissance a rendu supérieur, puissance accentuée au fil des années. Comme un corps, ils levèrent leur tête et il ne suffit qu’une infime seconde pour qu’ils lisent dans les yeux de l’autre la même émotion destructrice. La rage.

 

 

 

 

La rage de voir leurs buts entravés, de vivre en travers. 

La rage gravée depuis bien loin derrière.

La rage d’avoir grandit trop vite, leurs enfances volées.

La rage de voir ce putain de monde s’autodétruire et que ce soit des innocents au centre des tirs.

La rage d’être autant balafré. Désharmonie profonde, mais dans quel monde la colombe est partie ?

La rage d’avoir la rage depuis qu’ils sont mômes.

La rage d’aller jusqu’au bout et la ou voudra bien les mener la vie. 

La rage parce qu’ils ne choisissent rien et subissent tout le temps.

La rage car l’irréparable s’entasse depuis un bout de temps.

La rage parce que c’est tout ce qu’on leur laissent , tout ce qu’il leur reste.

La rage de vivre dans un monde qui ne leur correspond pas.

La rage de lire vérité dans un monde nourrit de faux rêves.

La rage de voir rouge mais de grisaille entouré, parce qu’eux ont entendu les cris lorsque le sang coule.

La rage car le mal tape sans cesse trop.

La rage, trop de mensonges et de secret gardés, de pouvoir changer l’humanité. 

La rage d’être manipulé et que le pouvoir soit gardé.

La rage d’être au milieu du chaos.

 

Parce qu’ils ont la rage, rien ne pourra les arrêter, insoumis et révoltés. 

Parce qu’ils ont la rage, le cœur et la foi.

 

La rage car ils croient aux anges et ont décidés de marcher avec eux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yzak

 

 

 

 

 

 

Paroles tirées de la Rage de Keny Arkana

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