Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 01:58

Idée de musique pour la lecture

 

 

 

 

 

 

 

Ces mots sonnèrent creux à l’esprit de Rin, comme si elle les avait entendu, intégrés mais impossible d’en saisir le sens. Surréaliste, exagérément surréaliste. Comme nous le savons, pour notre jeune Yutsune l’essence même d’un Shinobi est avant tout la protection de son Village, lui vouer son existence et une foi inébranlable. De ce fait les Nukenin étaient la personnification de l’exécration. En dépit des guerres et conflits Rin se sentaient proche des Shinobi des autres nations au fond, ils se comprenaient. Elle savait que tous étaient mués par les mêmes sentiments envers leur Village, une vénération surplombée d’une loyauté sans borne pour leur Kage. Chacun, Rin la première, étant persuadé de la suprématie de sa nation et de porter les valeurs les plus éminente. Un attachement si fort ne pouvait être à sens unique, il n’existait aucun Pays ne croulant pas sous la fierté de ses Shinobi et aucun Village ne faisant pas de son mieux pour les protéger, depuis toujours les Kage œuvraient en ce sens. Se vouer corps et âme à son Village était le principe fondamental de Rin, par extension, sa plus grande certitude était que jamais, ô grand jamais, il ne vous laisserait tomber. Il était tout bonnement ridicule de croire que son propre Village pouvait vous trahir ! Cette entité suprême vous est tout aussi loyal que vous l’êtes. Le contraire serait pure hérésie. 

 

- Et tu crois que je vais gober ça ? Lança-t-elle d’un ton presque rieur. Un Village ne va pas ordonner l’assassinat de ses propres Shinobi. C’est une aberration. Franchement, t’as rien trouvé de mieux que…

 

Un sinistre éclat de rire, ressemblant plus à un grognement à vrai dire, la coupa suivit de :

 

- Et la Brume Sanglante, ça te dit rien ? Tu l’as dis toi-même, j’ai du tuer mes compagnons pour le bien d’une mission. Un ordre.  

 

- Ca m’écorche de le dire mais dans un sens, dans le sens de l’atroce folie du Mizukage, c’était pour le bien de Kiri. Or je vois pas l’intérêt de supprimer un clan si puissant. 

 

- Comme tu es sotte. Cracha-t-il, une moue méprisante lui déformant le visage. Leur puissance est justement la raison. Ca a toujours été la raison. Le désir de puissance enflamme les cœurs et aiguise les conflits entre les nations autant qu’entre les Hommes. A fortiori à Kiri. Pourquoi crois-tu qu’ils ont toujours hait les porteurs de Kekkei Genkai ? Une puissance innée, inexplicable, mystérieuse. Et surtout incontrôlable pour eux. Tous possèdent des affinités identiques que seul l’entrainement peut transformer en force, sauf une poignée d’individu naissant avec un don supérieur au leur. L’âme humaine est ainsi faite, l’inconnu effraie. Et quoi de mieux que de transformer cette peur, cette jalousie, en haine ? Au lieu de se sentir faible face à une personne, montre la du doigt, crie au monstre. Éclipse ta propre insuffisance derrière l’anormalité peu à peu mué en répugnance de l’autre. Autant le haïr lui que toi-même. Côtoie ceux qui te ressemblent et évince le reste. 

 

Rin le savait, elle l’avait toujours su, mais avait préféré ne pas y croire. Se convaincre du contraire. Impossible que des Shinobi aient une telle façon de penser. Pour elle, les dons puissants ne servaient pas à sa propre gloire mais été mis au service de son Village, ainsi elle avait du mal à comprendre qu’on puisse penser autrement dans un premiers temps et surtout qu’il était possible de vouloir écarter ceux qui apportaient un tel renfort. Tout bonnement ridicule. Pourtant il en allait ainsi à Kiri. Il avait raison. Enfin, il y avait tout de même un fossé, un ravin, un océan entre la rancœur envers les porteurs de Kekkei Genkai et l’envie de s’en débarrasser. Inconcevable. 

 

- Oui et c’est pourquoi mon clan a toujours été mis à l’écart. Répondit-elle donc. Et encore, ils avaient grimpés en flèche dans l’estime de chacun, ce sont tes propres mots, après l’attaque des Kaguya. Ils partaient en mission avec les autres et avaient même été incorporés au Conseil. Alors c’est certainement pas à cette période qu’ils auraient décidés de les anéantir. Tu débloques complètement. 

 

- Sois proche de tes amis et encore plus de tes ennemis. 

 

- Ils n’étaient pas leur ennemis. S’emporta-t-elle brusquement. Si c’est pour balancer des inepties, tu ferais mieux de la fermer. 

 

Sans vraiment s’en rendre compte, elle avait recouvert son poing droit de glace, prête à lui envoyer en pleine face s’il osait articuler le moindre son. Ce minable aimait à tourner au ridicule la mort de ses adversaires et raillait maintenant le massacre des siens en racontant n’importe quoi. Avec sa foi inébranlable en l’entité des Villages, il invoquait la le prétexte le plus ridicule possible pour Rin. Lui assurer qu’un groupuscule de mercenaire borgne et culs de jatte aurait été fautif de l’hécatombe lui aurait paru plus plausible.

 

- Tu ne comprends…

 

- Non, c’est toi. Tu éprouves une haine sans borne pour Kiri, tu as du t’exiler avec les autres épéistes suite à un coup d’état raté. Alors maintenant, en pauvre Nukenin que tu as du devenir, tu tentes de salir ce Village. Ferme la, vraiment. Parce que la, tu salis d’autant plus la mémoire de mon clan. 

 

Aucun son ne sortit de la bouche entre ouverte de Kisame. Pour la seconde fois, il resta pantois face à cette gosse. Son assurance doublée de sa certitude que des valeurs positives dirigeaient le monde le laissait sans voix. Comment diable, après ce qu’elle avait vécu, avait-elle pu devenir une personne si… Si…Comme sa mère. Soudain il réalisa à quel point Rin tenait d’elle. Elle. Il eut l’impression que la colère insufflée par ses paroles se faisait aspirer. Elle. Plus aucune trace de fureur ne s’infusait dans ses veines. Elle. Bon sang, comment avait-il pu vouloir faire du mal à sa fille ? Sa fille à elle qui avait ses traits fin, un sourire identique, un regard étourdissant, le même rire cristallin, en résumé une pureté équivalente. Elle. Il avait fait de son mieux pour l’oublier au fil des années, l’extraire de sa mémoire, se maudire des qu’elle apparaissait dans ses rêves. Pourtant la blessure fut aussi vive que jadis. Il lui sembla que son cœur se résorba ou peut être qu’il se déchiquetait ? A l’époque déjà il n’avait su trouver les termes exactes pour décrire cette souffrance. Rien avoir avec une douleur physique, la chair n’était pas déchirée, le sang ne perlait pas, pourtant le calvaire était insupportable. Aucun moyen d’apaiser ce supplice. Cette torture engendrée par une simple phrase, quelques mots posés les uns derrière les autres avec nonchalance par un type dont il ne se rappelait plus vraiment le visage. «  Tu sais pas la dernière, le scandale du moment, les Yutsune sont morts, tous. Crac. Plus un . »  Ce qu’il s’était passé ensuite, cela non plus il ne s’en souvenait plus très bien. Du sang, beaucoup de sang, celui de ce type. Il l’avait massacré. Un vrai carnage. Puis il avait déambulé, longtemps, sans savoir ou il allait. Et qu’importe. Le monde, déjà bien répugnant à ses yeux, était définitivement souillé. Son sang à elle avait coulé, la vie s’était échappé de ce corps céleste, ses yeux fermés à jamais. Il lui fallut un temps incommensurable pour se calmer et comprendre l’étendu de la situation. Les assassins et la raison, une évidence. De toute son existence Kisame Hoshigaki s’était sentit coupable une unique fois et ce fut plus violent, plus profond, que la plupart des êtres, il en était persuadé. Fautif. Sa faute. Il aurait du rester. Il aurait pu la protéger ou mourir à ses côtés, qu’importe. Jamais ils n’auraient du agir de la sorte, ils avaient tout perdu, brisés leur destin et servis de prétexte. Se fichant bien du danger, il avait fusé à Kiri. Traversant les rues que sa présence n’illuminerait jamais plus. Passant devant l’endroit ou il l’avait vu la première fois, les Yutsune sortaient rarement de leur quartier à cette époque mais incomparable à la rareté des fois ou on lui adressait la parole, à lui, Monstre du Brouillard. Et cette frêle gamine s’était planté devant lui et sans même un esquisse de grimace avait lancé «  Toi, t’as pas vu mon frère dans le coin ? C’est pas dur, il a la même tête que moi en version à peu près masculine. Non ? Bon, merci quand même. Si tu le vois, tu peux lui dire que sa sœur veut l’égorger ? Mais non, pas pour du vrai, t’es bête. Bon, allez, je vais me remettre à sa recherche. A la prochaine ! »  Il était resté abasourdi, par ce naturel, par ses longs cils qui papillonnaient avec le même entrain que sa voix enjoué et surtout par son mystérieux manque de crainte. Tout le monde, même les Yutsune, savaient qui il était. Pourquoi n’avait-elle pas eu peur ? Peut être n’avait-elle pas percuté. Comme si on ne pouvait ne pas percuter. Il l’avait regardé s’éloigner avec stupeur, se demandant pourquoi il n’avait pas osé lui dire qu’il voulait bien l’aider à trouver son fameux fugitif. Au fil du temps, le duo du Gel Ardent s’était fait connaitre, leur frasques autant que leur prouesses et jamais elle n’avait eu l’ombre d’un début d’appréhension envers lui. D’abord il avait cru qu’elle se croyait bien plus forte que lui, avec sa saleté de Dôjutsu - il n’avait jamais aimé le Kôrigan, son regard couleur de perle lui allait si bien - puis il avait finit par comprendre qu’elle ne le considérait pas comme une menace. « On porte le même bandeau, on a de la chance, c’est le plus beau de tous tu ne trouves pas ? »  Au-delà de la question, il avait comprit le sous-entendu, ils étaient dans le même camps. Il était son égal. Pas un Monstre du Brouillard. En assassinant ses compagnons, cette phrase avait tourné dans son esprit. Tant pis que la terre entière soit au courant, mais pas elle, tout sauf elle. Il s’était abaissé à demander à Satomi de ne jamais lui répéter l’atrocité qui avait salit son âme. En même temps, il s’était grillé auprès de son comparse qui avait immédiatement fait le lien. Ce saligaud l’avait raillé. «  Fais comme les Jin - ils appelaient toujours ainsi Jinin et Jinpachi - Deviens un gentil requin et tu verras que ma chère sœur te sourira trois fois plus  »  Il avait bien eut du mal à se retenir de lui exploser la tête. Ce fut sans doute à cette instant que lui avait germé l’idée, cette foutue idée, qui avait tout déclenché. Elle haïssait tant ces histoires de Brume Sanglante, ça lui avait parut la meilleure chose à faire. Elle lui sourirait en continu s’il pouvait s’en débarrasser. L’atroce contraire avait pourtant eu lieu. Il ne désirait que cela, rien de plus, juste qu’un sourire franc lui soit adressé. Jamais il n’aurait eu la folie de souhaiter plus. Quelle hérésie. Il se refusait même à la frôler. Comme si le simple fait de la toucher la souillerait. Lui le monstre, elle la colombe. De toute façon elle avait l’autre. Il le savait vaguement et ne lui en voulait pas, elle avait trouvé un être à sa hauteur. Pourtant le jour ou Satomi lui avait annoncé la nouvelle, il lui avait difficile de feindre l’indifférence. Ou est passée ta sœur, avait-il simplement demandé, après tout il était rare de le voir seul aussi longtemps. «  Je t’ai pas dis ? Elle est enceinte. Je vais devoir m’y faire pour quelques temps, tout le monde, moi le premier, veut qu’elle reste tranquillement au quartier. Pas qu’il arrive malheur au futur trésor !  » Tout le monde, il n’en faisait pas partis, jamais il ne compterait dans son entourage. Le trésor. Son trésor à elle. Vraiment secoué, il avait articulé qu’elle était un peu jeune pour être enceinte. Il ne savait pas trop pourquoi il avait dit ça, juste pour répondre poliment peut être. « Je trouve aussi, mais tu sais, ils s’aiment depuis toujours. Maintenant ou plus tard, ça ne change rien. Ils sont tellement heureux. Ils vont se marier. » Il s’était alors contenté de grogner et de lâcher un vague marmonnement : Comme c’est ridicule.  Peu de temps après cela Satomi avait demandé à être exempté de mission pour la noce. Il ne savait même pas quel jour exactement cela eut lieu et fit de son mieux pour enchainer les missions, n’empêchant pourtant pas son esprit de le torturer. Comme son rire avait du résonner lors de la fête. Peut être même de fine larme de joie avaient perlé sur ses cils. En dépit de ses efforts l’image de sa silhouette dépassant les limites décentes de la perfection drapée dans une robe immaculée s’invitait sans cesse à son esprit. Pendant des mois il avait fait son possible pour ne rentrer au Village qu’en cas d’extrême urgence. Il se souvenait encore des railleries de Zabuza à l’encontre de Ameyuri Ringo qui feignait de s’intéresser aux rejetons pour passer un peu de temps avec Satomi semblant vouer un véritable culte à la progéniture de sa sœur. Le trésor. Il l’appelait ainsi. Jamais Kisame ne se serait abaisser à demander quoi que ce soit. Il ne savait plus très bien si deux ou trois années s’étaient écoulé, aussi normalement que possible, menant sa vie en parallèle de la sienne, la croisant de temps à autre. L’admirant de loin, comme un corps cloué au sol contemple les étoiles. Jusqu’au jour ou, par une inadvertance plus ou moins fortuite, il déambulait près du quartier des Yutsune et qu’il l’avait vu de loin. Le trésor. Lâchant la main de son père, elle avançait du pas mal assuré qu’ont les enfants. Voila donc ce qu’a engendré un ange, s’était-il dit. Le trésor ressemblait à une poupée. Une véritable poupée de porcelaine. Il s’était surpris à se demander si l’on pouvait naitre ainsi. On l’aurait cru dessiné au pinceau. Il s’était promptement retourné, avant que le trésor ne puisse le montrer du doigt. Par la suite il avait appris un tas de futilité à son sujet. Comme son prénom ou le fait qu’elle avait été chamboulé d’apprendre qu’on emprisonnait les oiseaux dans des cages et qu’elle riait beaucoup quand les yeux de sa mère prenaient leur teinte mauve. Il ne voulait pas savoir ce genre de chose. « Rin adore admirer les Katana de Satomi, j’ai du mal à lui faire comprendre que ce ne sont pas des jouets » Avait-elle un jour dit. «Moi je la pousse secrètement, j’aimerais bien qu’elle prenne ma place plus tard au sein des épéistes légendaires » Avait rajouté Satomi dans le dos de sa sœur. « Je t’ai entendu, sale petit mesquin, laisse la grandir d’abord, elle le fait déjà bien assez vite  »   Jamais elle ne verrait son trésor grandir. Il n’y avait plus de trésor, plus de Satomi et surtout, surtout, plus d’elle. Le sang glacé, Kisame avait finit d’arpenter les rues de cet atroce Village. Village quitté grâce à eux, elle avait été la dernière chose qu’il avait aperçu avant de prendre la fuite. Elle qui n’avait pu prononcer le moindre mot, la gorge nouée par la crainte, et pourtant elle s’était forcée à sourire. Lui sourire une dernière fois. Comme pour lui souhaiter bonne chance. Ne se doutant pas à quel point il regrettait ce fiasco, il l’avait fait pour elle. Pire, ne pouvant soupçonner les répercussions chaotiques que cette folle tentative engendrerait. Il serrait si fort et depuis si longtemps le pommeau de Samehada que sa main tremblait. Ou peut être que cela n’avait pas le moindre lien avec l'épée. Son autre main tremblait tout autant. Frémissement redoublé lorsqu’il s’était dressé devant le Mizukage. Avec l’idée de lui arracher jusqu’à la dernière particule de peau. Puis il avait écouté et comprit. Le Yondaime n’y était pour rien, plus encore, il semblait regretter la tournure des événements. Réalisant alors pour de bon l’horreur de ce monde souillé, traitre, mensonger, Kisame l’avait rejoins. Jurant de trouver un sens à son existence aussi fausse et contaminée que le reste. Il rejoindrait l’Akatsuki et poursuivrait leur but. Plus fervemment que tout ce qu’il avait entreprit. Cela lui semblait si juste. Il contribuerait à l’épanouissement de ce nouveau monde. Lavé des outrages du passé. Sans réaliser qu’elle n’aurait jamais, ô grand jamais, souhaité une telle horreur. 

Et le trésor se dressait face à lui. Cette esquisse de lutte, pourtant violente, il aurait pu la transformer en véritable combat, frénétique et déchainé s’il l’avait voulu mais depuis le début, inconsciemment, il n’avait osé faire du mal au trésor. Seulement lui parler. En réalité il avait souhaité, au fond de lui-même, s’arrêter directement après quelques échanges de coup, juste histoire de s’assurer qu’elle méritait Fuusetsu, et discuter tranquillement. Elle n’y avait pas mis du sien, dès qu’il ralentissait la cadence, elle en profitait pour enchainer d’autre coup. En digne progéniture de la fameuse Shinobi du duo du Gel Ardent. Il était profondément ravi que le trésor soit devenu si puissante. Lorsqu’il avait entendu parler de ce Flocon des Sables il n’avait pas osé espérer qu’il puisse s’agir du trésor jusqu’à ce qu’on lui compte ses exploits à l’épée. Il avait cru Fuusetsu perdu avec ses maitres mais si ce Flocon des Sables la possédait logiquement ce fut de la main de Satomi et à qui d’autre qu’au trésor aurait-il pu remettre ce joyaux ? Il en avait été retourné. Comment cette poupée de porcelaine avait-elle pu survivre et se muer en implacable Shinobi, fameuse à seize ans seulement ? Fortement intrigué, il s’était pourtant juré de ne pas la chercher. Une décennie n’avait pas suffit à lui arracher totalement sa mère de l’esprit, elle le hantait encore, il ne souhaitait pas voir son trésor persuadé que cela agirait comme une lame affutée grattant une plaie purulente. Il n’en fut rien pourtant, bien au contraire, quel ravissement de la rencontrer. Il aurait aimé lui conter à quel point il était heureux pour sa mère qu’elle soit devenu une telle personne. Ce qu’il ne ferait bien entendu pas, même sous la  torture, ce qu’il éprouvait pour elle avait été et serait toujours le grand secret de son existence. 

Et bon sang qu’avait-il fait ? Il s’en voulut d’une force incommensurable d’avoir osé penser à la détruire. Ces années sans elle l’avaient transformé pour de bon en monstre. Les fois ou il ouvrait les yeux avec pour première pensée qu’elle n’était plus la, même très loin mais quelque part à respirer, semblaient lui arracher une autre particule d’humanité. Pourtant ce n’était pas une excuse. Comment avait-il pu perdre son sang froid de la sorte ? Enfin ce trésor était tout de même plutôt empoisonné avec sa langue de vipère prête à vous lancer ce qui vous tenaille depuis toujours à la figure. Lorsque, soudainement, il eut une idée.

 

- Tu ne me crois pas alors? Lâcha-t-il seulement. 

 

- Bien sur que non. Répondit-elle avec un soupire excédé. T’aurais rien pu trouver de plus improbable. Depuis quand les dirigeants d’un Village décident d’assassiner leur membre ? La foi en son Village, aussi inébranlable que réciproque, est la base de notre monde. Sans cette valeur fondamentale nous vaudrions encore moins que les bousiers. 

 

Elle aurait pu continuer sa tirade des heures durant mais n’en voyait franchement pas l’intérêt. Ce type avait beau lui être à peu près sympathique, il était complètement dérangé d’avancer de tel propos saugrenus.  De son côté Kisame était en plein dilemme. Ne le croyant pas, il pourrait la laisser partir sans rajouter un mot pour qu’elle continue son existence comme si de rien était. Pourtant il brulait de le lui faire comprendre pour de bon. Loin de lui, maintenant, l’idée de lui faire du mal. Il considérait cet aveux comme un devoir. Envers Rin, son clan et surtout elle. Le trésor méritait de savoir. Elle devait comprendre l’étendu de l’atrocité humaine. Il la connaissait à peine mais était certain du comportement qu’elle aurait. Elle voudrait détruire ceux qui avaient engendré cette ignominie. Et elle aurait bien raison. C’était à elle, la survivante, de le faire. Tout comme le choix de savoir lui revenait. 

 

- Ecoute moi maintenant, je vais être le plus sérieux que je n’ai été depuis bien longtemps. Désactive le Kôrigan et range moi Fuusetsu, l’heure n’est plus aux imbécilités. 

 

Rin le regarda d’un drôle d’air, plutôt consterné avec une pointe de désinvolture, signifiant très clairement qu’elle n’en ferait rien. Bon sang, qu’elle était irritante. Personne ne lui avait appris à obéir ? Alors qu’il maugréait mentalement contre ce pseudo trésor très largement corrompu par les effets néfastes de l’adolescence doublé d’une arrogance innée, il se surprit à voir son regard prendre sa teinte naturel. Fuusetsu ne bougea pas d’un millimètre en direction de son fourreau mais n’en demandons pas trop. Samehada été resté bien sagement planté dans son rocher, bien qu’il eut pu techniquement l’attaquer tout de même, désactiver ses pupilles et ranger son épée serait synonyme de trêve officielle en tout bien tout honneur. Ce fut par pur principe que la jeune Yutsune laissa sa main sur le pommeau d’ivoire tiède, lame plantée dans le sol. 

 

- Je t’écoute. 

 

- Tu peux me considérer comme un monstre, ou pire un minable, si ça te chante mais sache que je ne m’abaisse jamais à mentir. Cacher la vérité, je laisse ça aux faibles incapable d’en assumer les conséquences. Alors en mémoire du duo du Gel Ardent, que l’injustice du destin a décidé que je côtoierais plus longtemps que toi, je t’expliquerais l’entière vérité sur leur fin. Je te laisse le choix de l’entendre ou non. A toi de décider. Avant tout comprend bien les répercussions de cette décision, ta vie en sera bouleversé à jamais. Jusque dans ta façon de contempler ce qui t’entoures. Crois-moi. La Rin Yutsune que tu es en cet instant risque de partir en fumée. 

 

Les sourcils froncés, le souffle au ralentis, elle sentait qu’il disait vrai. Son instinct ne l’avait jamais trahi. Cette décision serait la plus importante de sa vie. Et elle n’hésiterait pas, tout simplement parce qu’elle n’avait pas le choix. Comme Sasuke qui avait bousillé jusqu’à la dernière parcelle de bonheur qu’il avait pu trouver pour réaliser son devoir, en tant que survivante Rin devait savoir. Depuis toujours ce mystère la hantait. Elle ne pouvait rester dans l’ignorance. Pourtant, au fond de son être, une angoisse s’immisça, maintenant qu’elle était sur le point de connaitre la vérité, elle n’était plus tout à fait certaine de la vouloir. L’ignorance avait quelque chose de confortable, pas besoin de mettre son existence si parfaite en péril en gâchant tout ce qu’elle avait construit. Refuser de savoir, rester celle qu’elle était, Rin aimait ce qu’elle était. Ses valeurs risquaient de bruler sous l’ardente haine qui la consumerait jusqu’à ne laisser qu’une dépouille carbonisée. Elle en était consciente et cette idée la terrifiait. Mais bien vite la jeune Yutsune eut honte d’avoir formulé de telles pensées. Profondément honte.  Force, Honneur, Bravoure étaient ciselé sur sa lame. Elle devait en faire preuve pour affronter la vérité. Levant Fuusetsu à hauteur de son visage, elle contempla un instant son reflet dans la lame miroitante. Se verrait-elle différemment ? Puis frôla du bout des doigts les signes inscrit. Aurait-elle assez de courage et de force ?  L’épée retrouva sa place douillette dans le fourreau de cuir noir dans son dos. Rin eut l’impression que sa cage thoracique s’amenuisait tant il lui était pénible, presque douloureux, de respirer lorsqu’elle acquiesça. 

Ce n’était plus une onde d’angoisse mais un tourbillon. Soudainement elle eut une envie aussi brusque que stupide de fondre en larme.  La seule révélation qui pourrait la faire changer à ce point était celle qu’il lui avait déjà faite. Rin en prit conscience. 

 

.

 

 

 

.

 

 

 

.

 

 

.


Yzak
Partager cet article
Repost0

commentaires

成る神

  • : Narukami
  • : Bienvenue sur Narukami. Suivez le parcours de Rin Yutsune et d'Hiyayaka Hakujô, leur existences dans le monde de Naruto, leur destins liés aux personnages du manga.
  • Contact

Musique Narukami